L’appellation Côte-Rôtie

L’appellation Côte-Rôtie remonte à plus de 25 siècles, lorsque les Grecs débarquèrent sur les rives escarpées du Rhône. Ils transmirent aux Celtes locaux l’art de cultiver la vigne et de produire du vin. Les Romains, connaisseurs de vin, ont développé la viticulture, et des écrits de Columelle, Martial et Pline le Jeune célèbrent ce vin, alors appelé vin viennois. Le thème de la vigne est représenté sur les mosaïques de leurs villas, comme en témoigne le musée de Saint-Romain en Gal, situé à quelques kilomètres d’Ampuis. Il est probable qu’ils aient également enseigné la technique des terrasses, des murettes en pierres sèches ou « cheys » qui se sont répandues vers l’an mille pour lutter contre l’érosion et exploiter au mieux le potentiel des terrains.

Au Moyen Âge et à la Renaissance, les Seigneurs de Maugiron régnaient sur Ampuis, où la principale industrie était la viticulture avant la culture des céréales. Le commerce des vins vers Paris n’a réellement commencé qu’à partir du XVIIe siècle, car les Ducs de Bourgogne entravaient le transport, favorisant les vins de leur région. Les vins de Côte-Rôtie ont acquis une grande réputation parmi la noblesse française et les principales cours européennes au fil des siècles suivants.

Après le fléau du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, le vignoble a été reconstruit en greffant sur des plants américains. À cette époque, 424 agriculteurs travaillaient sur 420 hectares de vignes, divisées en de nombreuses petites parcelles. Jusqu’en 1870, les pentes de la Côte-Rôtie étaient parcourues par des chemins étroits et rocailleux, et on se déplaçait à pied, avec des mulets ou des bœufs. Malheureusement, une grande partie des coteaux est retournée à l’état de friche au début du XXe siècle, en raison du manque de main-d’œuvre après les deux guerres mondiales et de l’exode rural massif. En 1953, le syndicat des vignerons a été créé, comptant 90 adhérents et seulement 50 hectares exploités. Ce syndicat a œuvré pour aménager l’aire de production de la Côte-Rôtie, devenue une appellation d’origine contrôlée en 1940, et a redynamisé le marché des vins d’Ampuis créé en 1928. Rapidement, ce grand vin de garde a renoué avec sa renommée dans les années 80-90, les vignes se sont multipliées et les jeunes ont retrouvé le chemin tracé par leurs ancêtres.