L’appellation Condrieu

L’appellation Condrieu possède une histoire ancestrale. La culture du Viognier remonte à l’époque grecque. Vers l’an 92 après J.-C., l’empereur Domitien ordonna son arrachage, craignant que le vin ne démoralise ses armées. Cependant, vers l’an 280 après J.-C., l’empereur Probus fit replanter les vignes, convaincu que le vin rendait les hommes meilleurs. Initialement un village gallo-romain, Condrieu devint ultérieurement la propriété de l’Église de Lyon.

Au XIIe siècle, l’archevêque fit ériger le château, qui domine encore la ville aujourd’hui, pour résister aux assauts répétés. Condrieu, ainsi que Saint-Michel-sur-Rhône et Vérin, furent les berceaux des mariniers du Rhône, qui pendant des siècles assurèrent le transport fluvial entre Lyon et Beaucaire. Les vins de Condrieu bénéficiaient déjà d’une réputation d’excellence depuis des générations : les papes d’Avignon les appréciaient et Curnonsky les citait comme parmi les plus grands vins blancs de France. Cependant, la région connut des périodes difficiles, notamment à cause du phylloxéra, de la Première Guerre mondiale, de la crise des années 30 et de l’industrialisation, qui menèrent presque à l’abandon du vignoble. Dans les années 50, seuls une dizaine d’hectares étaient encore cultivés, répartis sur trois communes : Condrieu, Vérin et Saint-Michel-sur-Rhône.

En 1967, l’appellation s’étendit à quatre villages voisins : Chavanay, Saint-Pierre-de-Bœuf, Malleval et Limony, portant ainsi la superficie totale à 387 hectares, alors que la surface plantée restait inférieure à 100 hectares. Grâce à quelques vignerons passionnés de Viognier, dont Georges Vernay, le vignoble connut une renaissance dans les années 80 : les coteaux abandonnés furent replantés et les murettes reconstruites. En 1986, l’aire d’appellation fut révisée, excluant les vignes situées à une altitude supérieure à 300 mètres, afin de ne conserver que les coteaux les mieux exposés, là où le Viognier atteint sa pleine maturité.